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„Souvenirs de mes vies de femme” – un text de pe noul blog al Elenei septembrie 25, 2009

Posted by Marcelina Popa in Jurnal.
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Mi-a placut tot textul, insa ultima parte chiar foarte mult:

Quant au monde, je n’en avais nulle idée, je savais que c’était l’affaire des hommes, leur empire, leur champ de bataille. Je vieillissais dans un coin foncé au-delà duquel il y avait la guerre interminable, aux longues files de garçons qui semblaient n’être nés que pour y mourir, et ils devaient si bien s’acquitter de cette mission noble, que la moindre faiblesse était aussitôt stigmatisée. Mon benjamin, à peine adolescent, plus chétif que ses frères aînés, plus câlin, s’effondrait en lui-même à chaque « leçon » de dureté mâle et si son père surprenait ses larmes, nous étions perdus, le petit et moi. C’était la honte absolue, le pire des malheurs, dont, évidemment, j’étais l’unique responsable, puisque le garçon me ressemblait et que je ne faisais rien pour remédier à ce maudit caractère. C’est en voyant mes enfants souffrir que j’ai appris la vraie souffrance. Plus je vieillissais, plus je comprenais et j’apprenais. Cependant, apprendre n’a souvent rien à voir avec le savoir-faire. Je contemplais mon impuissance et mon inutilité aussi horrifiée que si j’avais regardé une araignée géante tisser sa toile sur les paupières d’un animal infirme.

Et il me les a pris, mes garçons. Ils ont été tués dans la guerre, mes enfants. Ne me demandez pas qui se guerroyait et pourquoi, j’étais trop bête pour comprendre la complexité du monde et de toute façon je m’en fichais pas mal. Quand il tue les enfants, le monde ne se justifie pas. J’ai voulu mourir, mais la mort ne vient jamais quand on veut, elle vous salue de loin avec des sourires de vieille fille devant des prétendants qui ne prétendent rien et elle hésite, la salope, elle attend, elle a des ressources. La mort ne vient parfois qu’après avoir épuisé sa dose d’invraisemblable. Il me restait une fille. Qui me méprisait de tout son cœur et je ne la blâmais pas. Une fille qui avait appris de son père l’art de l’invective bien placée et qui ne pouvait plus respirer le même air que moi. Elle est partie avec un soldat rescapé. Je n’ai plus jamais eu de ses nouvelles.

Le jour de son départ, je n’étais nulle part, puisque j’avais depuis longtemps commencé à me désintégrer. J’étais donc à peu près invisible. Affranchie du devoir de la vie, je faisais la seule chose digne d’une anonyme : je disparaissais petit à petit, sans bruit et sans témoins, jusqu’à ce que mon dernier atome ait compris les lois de la fission. Ce qu’il était resté de moi c’était un héritage sans héritiers : la haine et la révolte et des questions sans réponse.

P.S. Elena mai are inca un blog, adresat mai mult elevilor (o parte comuni cu ai mei). Ce-i curios este ca ne-am facut bloguri fara sa avem habar una de alta :).

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